Lorsqu’on parle de la corruption dans le domaine environnemental, on pense instinctivement à cette affaire nauséabonde des déchets italiens importés en Tunisie avec la complicité de hauts responsables institutionnels. C’est sur cette affaire et bien d’autres que le gouvernement Bouden est appelé à sévir.
A peine le gouvernement Najla Bouden mis en place qu’il est d’ores et déjà attendu par l’opinion publique sur l’ensemble des dossiers qui préoccupent les Tunisiens. Outre le gros dossier économique urgent, les Tunisiens attendent une réforme du système politique et du système de gouvernance, gangréné par la corruption. Une corruption qui touche à tous les recoins de la vie publique. De la petite corruption à la grande, des responsables éhontés et sans scrupules sévissent dans les couloirs de nos institutions. Mais lorsque cette corruption touche à la santé du citoyen et prend en otage les générations futures, cela devient urgent d’y mettre un terme.
C’est en tout cas ce qu’espère le Réseau Tunisie Verte, qui a adressé une lettre à la Cheffe du gouvernement Najla Bouden, pour lui demander d’agir en urgence, pour faire face au « danger imminent » lié à la dégradation de l’environnement.
L’ONG interpelle la Cheffe du gouvernement sur l’urgence de solutionner tous les dossiers de corruption environnementale et « d’appliquer la loi sur toute partie soupçonnée de corruption ».
Lorsqu’on parle de la corruption dans le domaine environnemental, on pense instinctivement à cette affaire nauséabonde des déchets italiens importés en Tunisie avec la complicité de hauts responsables institutionnels. C’est sur cette affaire et bien d’autres que le Réseau Tunisie Verte demande aujourd’hui au gouvernement Bouden de sévir. Contactée par le journal La Presse, Afef Marrakchi, professeure de Droit environnemental et membre du Réseau Tunisie Verte, a expliqué que l’intention de l’ONG est d’inciter la Cheffe du gouvernement et la ministre de l’Environnement, Leila Chikhaoui, à ne pas se détourner de la question environnementale. Le réseau souhaite également laisser du temps au nouveau gouvernement d’ouvrir les dossiers avant de demander une entrevue.
Pour Afef Marrakchi, l’affaire des déchets italiens, et plus récemment l’affaire des déchets médicaux à Sfax, sont révélatrices d’un dysfonctionnement au niveau du respect des procédures et du laxisme des contrôles. Si ces deux affaires ont pu choquer l’opinion publique, la professeure Afef Marrakchi est persuadée que d’autres affaires similaires ou plus graves existent.
« Nous sommes en train de préparer une feuille de route développée avec des éléments plus précis et des propositions claires », fait savoir Afef Marrakchi.
Les déchets, véritable plaie béante dans toutes les régions de la Tunisie, sont également un sujet sur lequel le gouvernement est sommé de répondre en urgence. Dans sa lettre à Najla Bouden, le Réseau Tunisie Verte a demandé « la fermeture immédiate et définitive de la décharge de Borj Chakir et de Aguereb », avec pour argument le droit des citoyens à un environnement sain.
Afef Marrakchi note à cet effet qu’il existe des solutions alternatives, qui, si elles sont prises au sérieux, peuvent aboutir à des résultats probants. L’idée est de prévoir où iront les déchets, selon leur origine et composition, avant même qu’ils atterrissent à la poubelle. Concrètement, le tri sélectif est l’une des alternatives proposées.
« Les Tunisiens ne sont malheureusement pas suffisamment sensibilisés à la question environnementale, regrette Afef Marrakchi. En Tunisie, nous ne faisons pas le lien entre santé et environnement.
On pense à tort que tant qu’on ne voit pas les déchets alors ils ne peuvent pas nous nuire. Or, tôt ou tard, ces déchets se retrouvent dans nos assiettes, dans l’eau ou dans l’air que nous respirons ».
Le réseau croit fermement que la Tunisie devrait changer de paradigme dans son traitement de la question environnemental, en élaborant des stratégies qui permettent de mettre la prévention au cœur de toute stratégie.